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Santé mentale des employés : pourquoi et comment créer des structures de soutien

29 juill. 2020

Chacun des habitants de la planète a été affecté d’une manière ou d’un autre par la pandémie de COVID-19. Ce défi a entre autres mis en évidence l’importance de la santé mentale dans le monde du travail et créé une occasion pour les employeurs de répondre aux besoins personnels de leurs employés et de former en se faisant, une main-d’œuvre plus productive et plus engagée.

En plus d’être confrontés à une menace sans précédent pour leur santé physique, les employés doivent également composer avec des traumatismes mentaux ― anxiété, dépression, TSPT (trouble de stress post-traumatique), colère et chagrin résultant de la perte d’un emploi, d’une entreprise, de vacances, de liberté ou de quiétude. Selon une étude publiée en 2004 sur les effets psychologiques de la quarantaine établie dans le cadre de l’épidémie du SRAS et intitulée SARS Control and Psychological Effects of Quarantine, Toronto, Canada (« Lutte contre le SRAS et effets psychologiques de la quarantaine à Toronto, Canada »), 31,2 % de la population ont développé à l’époque une dépression et 28,9 % ont développé un TPST. L’article explique aussi que les « pertes financières résultant de cette quarantaine ont créé une détresse socio-économique grave et contribué à l’émergence de troubles psychologiques, dont la colère et l’anxiét »1.

Le Dr Rizwan Rafiq, un spécialiste de la santé mentale et des toxicomanies, fait ressortir de son côté les signes d’anxiété, de dépression et de TPST que l’on peut retrouver sur le lieu de travail :

  • Anxiété ― « Agitation, fébrilité, irritabilité, tendance à se fatiguer facilement, difficulté à se concentrer ou l’esprit qui se vide » ;
  • Dépression ― « Humeur dépressive, incapacité à éprouver de la joie… manque d’appétit, manque de concentration, perte d’intérêt pour des activités autrefois appréciées… [et] culpabilité excessive » ;
  • TPST ― « Avoir l’impression soudaine (ou agir soudainement comme si) qu’une expérience stressante vécue dans le passé est en train de se reproduire… sentiments négatifs prononcés comme la peur, l’horreur, la colère, la culpabilité ou la honte ».

Fait intéressant : Mme Charlene Renaud, la défenseure de la santé et de la sécurité des enfants, a remarqué quant à elle un lien entre la santé mentale des enfants et le rendement des parents au travail. Citant un rapport de l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) sur l’Ontario (publié en 2019), elle explique qu’un parent sur quatre dans la province est obligé de s’absenter du travail pour s’occuper d’un enfant en proie à l’anxiété, coûtant par la même occasion, 421 millions de dollars par an à l’économie de l’Ontario. « Imaginez un moment que votre enfant est plein de confiance et d’énergie, en bonne santé, en sécurité et en train de s’épanouir », poursuit-elle. « Comment votre vie en sera-t-elle affectée ? Sachant que votre enfant est heureux, vous souffrirez en fait de moins de stress, serez mieux en mesure de vous concentrer [et] aurez une meilleure santé mentale. »

La santé mentale des travailleurs a également un impact économique sur les entreprises, indépendamment du fait qu’elles ont une responsabilité morale et éthique de veiller au bien-être de leurs employés. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé que la dépression et l’anxiété conduisent chaque année à une baisse d’environ un billion2 de dollars américains de la productivité dans le monde du travail. Une étude conduite par l’Employers’ Health Coalition (« Coalition pour la santé des employeurs ») a de plus révélé que le « présentéisme » (défini par Morneau Shepell comme « le temps que l’on passe au travail à ne pas s’engager de manière productive ») entraîne une perte de productivité 7,5 fois plus importante que l’absentéisme.

La santé mentale des employés est un défi parfois difficile à comprendre. Comment les employeurs devraient-ils donc l’aborder dans le monde des entreprises ? Outre des endroits comme le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (CCHST), l’ACSM est une excellente ressource pour éduquer les lieux de travail et leur fournir des conseils détaillés sur le sujet. L’organisme explique par exemple que les épisodes de maladie mentale sont plus susceptibles de survenir pendant des périodes de stress ou d’incertitude et ont la capacité de perturber le moral des employés ainsi que leur productivité, leur confiance en soi, leur concentration, leurs capacités décisionnelles, leurs capacités d’apprentissage et leurs relations avec leurs collègues. L’ACSM a de plus publié un guide gratuit pour les gestionnaires (le Guide PSSM à l’intention des cadres), car le soutien que ces derniers peuvent apporter aux employés est essentiel. « Les premiers soins en santé mentale (PSSM) sont aussi nécessaires dans ce domaine que les premiers soins physiques que l’on apporte à une personne blessée jusqu’à ce que le traitement médical approprié soit disponible », a expliqué l’organisme.

Les principes de base du PSSM incluent les suivants : (1) se rendre compte du changement de comportement (2) engager une conversation assurée avec l’employé sur le sujet (3) l’aider à obtenir les ressources et le soutien dont il a besoin. Durant ces étapes, n’oubliez pas de faire ressortir à l’employé que vous avez son bien-être à cœur et commencez par l’écoute plutôt que par la résolution des problèmes. Faites ressortir les forces de l’employé, restez en contact et évitez de précipiter la conversation. Il est important de laisser l’employé décider lui-même des choses à partager, car les travailleurs ne sont pas requis par la loi canadienne de divulguer à leurs employeurs les diagnostics qui ont été faits sur leur santé. Tout compte fait, ces derniers sont les mieux placés pour déterminer les arrangements dont ils auront besoin pour continuer à travailler de manière productive. Les solutions doivent de plus être discutées directement avec l’employé pour s’assurer que ses besoins sont satisfaits.

Pour créer un lieu de travail favorable à la santé mentale, l’ACHM suggère certains ajustements globaux de la part des employeurs, parmi lesquels :

  • S’assurer que les tâches et les objectifs sont clairs ;
  • S’assurer que les politiques de santé et de sécurité sont mises à jour et comprises par les destinataires ;
  • Reconnaître et récompenser le travail bien fait et réduire les besoins opérationnels en heures supplémentaires ;
  • Modifier la façon dont les instructions et la rétroaction sont fournies. Utiliser notamment des instructions écrites ou enregistrées pour aider les employés à rester concentrés sur la tâche à accomplir et à se souvenir des directives fournies ;
  • Avoir des réunions régulières avec les employés pour régler les problèmes avant qu’ils ne s’aggravent ;
  • Songer à réduire la charge de travail des employés, en particulier celle des gestionnaires ;
  • Penser à réduire la durée des déplacements associés au travail (permettre par exemple aux employés de travailler à plein temps/temps partiel de la maison ou de travailler aux moments qui leur conviennent et/ou leur fournir plus de temps libre). 

En dernier lieu, que devez-vous faire si c’est vous l’employé aux prises avec des problèmes de santé mentale ? Le Dr Rafiq vous offre comme premiers soins en santé mentale ces quelques conseils :

  • Téléphonez à un collègue ou prenez votre voiture pour aller le rencontrer ;
  • Ne négligez pas vos besoins physiques de base (manger, dormir, prendre du temps libre pour se reposer) ;
  • Ne succombez pas à la détresse — acceptez les incertitudes de la vie et de l’avenir ;
  • Ne soyez pas trop dur envers vous-même (compassion pour soi-même) ;
  • Communiquez avec vos pairs et vos amis de confiance ;
  • Leçons de la vie : quelles leçons pouvez-vous tirer de l’expérience ? Comment pouvez-vous la mettre à profit ? Quelles sont vos valeurs et votre vision du monde ? ;
  • Cherchez l’aide d’un thérapiste professionnel.

Lâcher prise : les principes fondamentaux
Nous avons très peu de contrôle sur quoi que ce soit dans la vie ;
Plus nous essayerons de contrôler les choses, plus nous serons stressés ;
Plus nous serons stressés, moins nous aurons à offrir ;
Moins nous aurons à offrir, plus nous sommes frustrés ;
Plus nous serons frustrés, plus nous serons susceptibles de commettre des erreurs ;
Plus nous commettrons des erreurs, plus nous risquerons d’avoir des ennuis ;
Alors, pourquoi s’inquiéter ? Lâchez prise… 
– Dr. Rizwan Rafiq

Remerciements à :

  • Le Dr Rizwan Rafiq, chef psychiatre et directeur médical du programme de santé mentale et de toxicomanie à Chatham-Kent Health Alliance [CKHA].
  • Charlene Renaud, accompagnatrice personnelle, conférencière professionnelle et auteure ; Mme Renaud est aussi la créatrice du personnage en peluche Precious PinataMD et d’un guide sur l’enseignement de compétences de vie importantes aux enfants.

  1. Traduit de l’original.
  2. Mille milliards.

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