Lawyers Alert

Neuf vérités émergentes au sujet de la prestation des services juridiques

23 nov. 2016

Le marché des services juridiques au Canada change d’une manière qui ne sera pas au goût de tous les avocats et que nul dans la profession ne peut contrôler. Des réorientations à l’échelle mondiale dans la réglementation des services juridiques, l’émergence d’une nouvelle concurrence envers les entreprises de nos clients et les avancées extraordinaires en technologie appliquent une pression énorme sur les avocats. De surcroît, ce mélange puissant et sans précédent de forces s’installe dans l’ombre d’une tourmente économique énorme et dans l’impatience grandissante du public face aux défaillances de la justice. Si jamais vous vous êtes demandé à quoi pouvait ressembler une « parfaite tempête » de changements dans le domaine la législation, c’est ça. 

Il est temps pour les avocats de regarder au-delà des limites étroites de la « profession d’avocat » et de voir un « marché juridique » multidimensionnel plus large des besoins et des possibilités. Il est temps aussi que nous comprenions complètement quelques vérités cristallisées au sujet de la prestation de services juridiques dans le cadre de ce nouveau marché. Voici neuf de ces vérités à considérer. 

  1. Les avocats ne seront plus les seuls prestataires de services juridiques. Le personnel paraprofessionnel, les cabinets d’expertise comptable, les sites Web de documents juridiques et les technologies légales avancées prendront une proportion grandissante du marché juridique dans les années à venir. Aucun barreau ne peut stopper ce phénomène, et certains modifient déjà leurs règles pour s’y adapter. Vous pouvez ne pas aimer ça et vous y opposer si vous le voulez, mais notre monopole a effectivement pris fin et il ne reviendra pas.
     
  2. Les avocats bénéficieront en fin de compte d’un marché à multiples prestataires. En vérité, nous avons exercé une moins grande influence depuis un certain temps déjà, consacrant nos immenses talents à des tâches qui sont essentiellement de nature administrative, transactionnelle ou procédurale. D’autres nous prendront ces tâches – et à long terme, nous les remercierons parce qu’ils nous auront libérés et nous pourrons appliquer nos compétences les plus remarquables et les plus approfondies à des besoins et des occasions plus importants et valables.
     
  3. Les avocats ne disparaîtront pas durant mon vivant ni le vôtre. Les assistants juridiques, les comptables et les concepteurs de technologie juridique conviennent tous qu’ils sont les compléments et non les remplacements des avocats. Le marché juridique a besoin de l’expertise, de l’éthique et de l’humanité que procure la profession juridique. Tant que nous serons préparés et qualifiés pour déployer de manière cohérente ces caractéristiques au service des besoins des clients et de l’intérêt du public, notre avenir est assuré. 
     
  4. Les avocats apprendront à collaborer plutôt qu’à rivaliser. Si nous essayons d’étouffer les concurrents et les innovations venant de l’extérieur de la profession, nous serons perçus comme ceux éliminant le choix des clients en vue de protéger notre territoire, et nous en subirons les conséquences. Les avocats qui survivent et réussissent seront ceux qui travaillent avec, et non contre, des acteurs complémentaires et des machines puissantes – et en fin de compte, qui collaborent avec d’autres avocats au service de l’intérêt des clients. 
     
  5. Les avocats apprendront à valoriser et promouvoir l’expérience des clients. La clé d’une réforme significative de la prestation des services juridiques réside dans l’amélioration de l’expérience des acheteurs de services juridiques. Les nouveaux acteurs sur le marché nous ont montré la voie en priorisant l’accessibilité, le prix abordable, la commodité et la convivialité dans la conception de leurs produits et la prestation de leurs services. Les avocats et les cabinets juridiques qui emboitent le pas s’épanouiront. Ceux qui ne le font pas, vont éventuellement disparaître. 
     
  6. Les avocats vont commencer à se pencher sur l’accès à la justice. Actuellement, de nombreux avocats s’intéressent sérieusement à l’accès. Mais la profession légale dans son ensemble ne le fait pas. De multiples études dans différents pays démontrent que les avocats ne servent qu’environ 15 % de tous les besoins et occasions juridiques et empêchent quiconque d’aborder le reste. Nous commencerons à répondre à ce problème en permettant à de nouveaux prestataires de services juridiques sur le marché de répondre à ces besoins. Nous y répondrons complètement quand nous commencerons à servir ces besoins nous-mêmes. 
     
  7. Les avocats vont devenir des gens d’affaires efficaces et performants. Un marché concurrentiel va forcer une baisse des honoraires des avocats, exigeant de nous de réduire nos coûts pour mener nos activités. Nous serons obligés de rationaliser et d’améliorer nos processus internes, ce qui nous permettra de rehausser la qualité de notre travail et d’offrir des prix prévisibles ou fixes à nos clients tout en sachant assurément que nous en profiterons en fin de compte. Nous en arriverons à voir comment la loi constitue à la fois une profession et une entreprise.
     
  8. Les avocats n’atteindront pas cette terre promise rapidement ou facilement. Pour la profession juridique, tourmentes et douleurs s’annoncent – c’est indiscutable. Les soubresauts du marché sont plus durs sur les personnes en place, et plus durs encore quand les personnes en place fuient les risques, résistent au changement, et maîtrisent mal les notions fondamentales des affaires. Attendez-vous à davantage de nouveaux avocats sans travail, davantage d’avocats plus âgés sans successeurs et à voir davantage de cabinets juridiques réduire leurs activités ou même fermer. 
     
  9. Les avocats seront en fin de compte mieux positionnés que jamais. Aussi parfaite qu’une tempête comme celle-ci puisse s’avérer, il est également vrai qu’elle cède tôt ou tard la place au beau temps. Indépendamment de ce qui arrive aux avocats en particulier, la profession juridique émergera de ce processus plus forte et plus formidable que jamais. Nous aurons des compétentes supérieures, de meilleurs procédés, des offres plus innovantes et une aptitude plus fine à identifier et produire de la valeur pour nos clients. C’est la récompense qui attend ceux qui peuvent effectuerla transition.

    Le service juridique passe d’une routine à une voie réactive et inefficace à une possibilité de devenir un prestataire dynamique de multiples services, axés sur le client. De meilleurs outils sont en émergence, une concurrence saine est florissante, et un marché plus vaste, plus pointu et plus lucratif attend, prêt à exploiter un cortège de nouvelles options et à en profiter. Les avocats peuvent et doivent être en première ligne pour satisfaire ces besoins et répondre à ces occasions. La voie à suivre devient claire. Il ne nous reste plus qu’à l’emprunter. 

Jordan Furlong est un analyste analyste et conseiller du marché juridique basé à Ottawa. Il s’est adressé à des douzaines d’auditoires partout au monde au sujet du nouveau marché juridique. Il écrit à law21.ca. « Nine Emerging Truths About Legal Service Delivery » a été publié dans l’édition du printemps 2016 de Law Matters, le bulletin de nouvelles de l’Association du Barreau canadien - Alberta.

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