
Les agriculteurs sont nombreux à acheter des immobilisations dans le but de réduire au minimum leur facture fiscale, car ils estiment que l’acquisition de ce genre d’actif (par ex., un tracteur ou un équipement de même nature sur le plan des impôts) constitue un bon moyen de faire baisser leur passif fiscal. Il n’en demeure pas moins que les avantages fiscaux immédiats de ces achats sont relativement minimes dans certains cas. L’achat de l’actif peut par exemple entraîner certaines difficultés, dont des problèmes de trésorerie. Lorsqu’une société achète une immobilisation, la déduction pour amortissement (DPA) auquel elle a droit fera baisser son passif fiscal en fonction du taux d’imposition des sociétés applicable (11 à 31 %, selon la province). Mais même si c’est tentant de vouloir minimiser vos obligations fiscales, vous devez quand même vous poser certaines questions avant d’investir dans une immobilisation.
L’actif fera-t-il augmenter votre productivité ?
Avant d’investir dans un actif immobilisé, vous devez premièrement déterminer s’il pourra faire croître votre productivité de manière significative et générera suffisamment de revenus pour justifier son achat. Prenons un exemple : l’un de vos équipements est d’un certain âge et a régulièrement besoin d’être réparé. Dans ce genre de cas, il faut tenir compte non seulement du coût des réparations, mais aussi des coûts de substitution. Ceux-ci incluent le manque à gagner causé par ces interruptions, le coût d’utilisation des équipements de substitution utilisés entretemps et le coût de la main-d’œuvre employée dans les réparations — une main d’œuvre qui aurait notamment pu être utilisée de manière plus productive ailleurs. L’achat d’un nouvel équipement (neuf ou d’occasion) pourrait de ce fait s’avérer judicieux si les coûts susmentionnés sont supérieurs au capital et aux intérêts du prêt souscrit pour l’achat. Mais vous ne devez pas moins déterminer l’impact mensuel de cet achat sur votre flux de trésorerie lorsque vous ferez votre analyse coûts-avantages, car il pourrait faire obstacle à un investissement de plus grande nécessité à un moment donné ; nous l’avons remarqué chez certains de nos clients. Avant de faire un investissement dans votre entreprise, assurez-vous de ce fait d’en avoir les moyens et d’avoir un plan de financement clair.
Achat ou crédit-bail : lequel convient le mieux ?
Vous pouvez acquérir une immobilisation en l’achetant, mais le crédit-bail comporte aussi des avantages. Ce dernier a par exemple la réputation historique de pouvoir être radié plus rapidement (sur le plan fiscal) qu’un achat. Mais avec l’avènement de la DPA accélérée, vous pouvez possiblement déduire plus rapidement une acquisition si vous l’achetez. Le crédit-bail demeure néanmoins une bonne option pour les agriculteurs qui préfèrent régulièrement remplacer les modèles en leur possession par des modèles plus récents, car la plupart des agriculteurs n’ont pas les moyens d’acheter de nouveaux équipements à tout bout de champ. Vous devrez aussi tenir compte de ces facteurs dans votre analyse coûts-avantages : (i) les équipements agricoles ont tendance à bien garder leur valeur (ii) les prêts contractés pour des achats ont souvent des taux d’intérêt inférieurs à ceux imposés pour des crédits-bails.
Quel est le bon moment pour acheter une immobilisation ?
Si vous avez choisi d’acheter l’immobilisation au lieu de le louer, il vous est recommandé d’effectuer l’achat au cours de l’exercice financier même et de ne pas attendre le début du prochain exercice. Grâce au régime d’amortissement accéléré (DPA accélérée), vous pouvez maintenant réclamer des déductions plus conséquentes pour les premières années de votre actif. Et même s’il ne reste que quelques jours avant la fin de l’exercice au cours duquel vous avez effectué l’achat, vous pourrez réclamer la totalité de l’amortissement accordé pour l’année.
Qu’en pensent votre comptable et votre banquier ?
C’est toujours une bonne idée de demander conseil à son comptable et sa banque lorsqu’on achète une immobilisation. Ils peuvent vous aider à planifier l’achat ― afin de l’empêcher d’interférer avec les autres achats qui ont été projetés ― et à déterminer les modalités de financement. Au cours du processus, vous devrez aussi déterminer la quantité de temps pendant laquelle l’équipement pourra être utilisé en toute quiétude (avant notamment de nécessiter régulièrement des réparations ou de cesser de servir vos objectifs).
L’immobilisation améliorera-t-elle la qualité de votre vie ?
Avec d’acheter une immobilisation, pensez aux retombées financières de l’opération, autant pour votre flux de trésorerie (s’il le fera baisser) que pour votre rentabilité (s’il la fera augmenter). Mais, dans certains cas, l’impact sur la qualité de vie peut s’avérer plus pertinent que l’impact financier. Si ce matériel vous permettra d’avoir plus de temps libre ou vous facilitera beaucoup la vie, peu importe s’il ne fera pas beaucoup augmenter votre rentabilité. L’âge vous a par exemple rendu moins mobile et moins capable de vous pencher pour traire vos vaches ? Il serait peut-être temps d’automatiser le processus de traite dans votre établissement. Et gardez-vous d’acheter des immobilisations dans le seul but de rivaliser avec vos voisins, car les achats de cette nature seront vraisemblablement incapables de remplir vos deux besoins fondamentaux : l’augmentation de vos revenus et l’amélioration de votre qualité de vie.