
Tous les propriétaires d’entreprise devraient engager un expert en évaluation d’entreprise (EEE), car ce sont des professionnels spécialement formés dans le domaine de l’évaluation. Cette formation leur donne les compétences nécessaires pour étudier adéquatement toutes les facettes de votre entreprise, notamment les facteurs quantitatifs et qualitatifs qui influencent sa valeur. C’est aussi utile si les clients ont une certaine compréhension des questions pertinentes, puisque cela les rend plus à même d’obtenir les réponses dont ils ont besoin. Mais avant que vous puissiez obtenir ces réponses, vous devez vous assurer que vous posez les bonnes questions.
Question 1 – Comment puis-je ajuster mon entreprise, de façon à ce qu’elle soit cohérente à la manière dont un tiers sans lien de dépendance l’exploiterait?
Notamment en ce qui concerne les entreprises exploitées par leurs propriétaires, la manière dont elles sont gérées n’est pas nécessairement une indication de la façon dont un tiers sans lien de dépendance l’exploiterait. Dans cette optique, vous devez prendre en compte l’impact que cela pourrait avoir sur vos résultats d’exploitation. Les ajustements — ce que nous appelons « normalisations » dans le monde de l’évaluation — changent ce qu’un investisseur prudent verrait comme des liquidités discrétionnaires que les opérations peuvent fournir. Il ne s’agit pas simplement de prendre un multiple du profit de vos résultats. De nombreux facteurs doivent être analysés pour arriver à ce qu’un investisseur prudent sans lien de dépendance serait susceptible de payer pour cette entreprise.
Question 2 – Quelle est la différence entre un actif d’exploitation et un actif hors exploitation?
Il est important que vous déterminiez quels sont vos différents secteurs d’activités et les actifs reliés à ces opérations. Prenons une entreprise manufacturière qui manifestement s’engage dans des opérations de l’industrie manufacturière, mais possède aussi un bâtiment à des fins de production manufacturière; les gens pensent généralement que ce bâtiment fait partie des opérations, mais dans le monde de l’évaluation, ce bâtiment est plutôt vu comme un actif hors exploitation. L’actif est évalué indépendamment et vous finissez par normaliser les liquidités provenant des activités d’exploitation selon ce que serait un loyer imputé puisque, en théorie, ce ne sont pas tous les propriétaires d’entreprise qui vont posséder un bâtiment. Vous devez différencier les actifs qui sont réellement nécessaires pour les activités d’exploitation de ceux qui ne le sont pas.
Question 3 – Est-ce que je surévalue mon exploitation?
De nombreuses entreprises ont des idées fausses au sujet de la manière dont la valeur est attribuée. Les propriétaires d’entreprise avisés comprennent que leur entreprise procure un certain montant de profit, mais peuvent facilement passer à côté du fait que le bâtiment qui leur appartient leur offre des économies qui ne seront peut-être pas à la portée d’un futur propriétaire. En évaluant votre entreprise, vous devez réduire les résultats d’exploitation afin de prévoir des paiements de loyer pour le futur propriétaire, tel que mentionné plus tôt. De la même manière, vous devez assurer que vos efforts dans l’entreprise sont adéquatement représentés dans un salaire ajusté ou théorique qui devrait autrement être payé à un tiers pour remplir ces obligations. Vous en tant que propriétaire pouvez potentiellement sous-évaluer ou surévaluer vos activités d’exploitation si ces questions courantes ou d’autres ne sont pas parfaitement étudiées.
Question 4 – Est-ce que je fais les bons ajustements pour déterminer la valeur?
Outre les ajustements que nous avons déjà abordés, les propriétaires d’entreprise ne tiennent pas compte nécessairement du coût implicite de la cession d’un actif hors exploitation ou de l’incidence fiscale de ces actifs hors exploitation en cas de vente. Vous devez aussi regarder la manière dont votre entreprise est exploitée et la comparer aux standards de l’industrie pour vous assurer que les ajustements adéquats sont effectués, pour déterminer la valeur qui est représentative d’un exploitant objectif.
Question 5 – Quels sont les coûts supplémentaires auxquels un futur propriétaire de l’entreprise devra faire face?
Vous devez considérer comment votre entreprise sera exploitée et comment elle devrait être exploitée dans une situation optimale. Par exemple, certains propriétaires d’entreprise tirent des dividendes plutôt qu’un salaire, mais ils font visiblement du travail pour l’entreprise. Si l’acheteur doit engager quelqu’un pour remplir ces responsabilités, ceci va gruger ses profits, ce qui réduit les liquidités discrétionnaires potentielles sur lesquelles la valeur est le plus souvent basée.
Question 6 – Qu’est-ce que mes états financiers récents révèlent au sujet de la valeur future de mon entreprise?
Quand les EEE effectuent une évaluation d’une entreprise standard exploitée par son propriétaire, ils regardent le plus souvent les états financiers des cinq dernières années et les comparent aux meilleures données de l’industrie qu’ils peuvent obtenir. L’historique est utilisé en tant que mesure théorique des perspectives d’avenir, ce qui effectivement constitue ce qu’est la valeur. Si l’historique est stable, il peut être utilisé pour avoir une idée de ce à quoi s’attendre à l’avenir. Si les résultats de l’entreprise ont été plutôt sporadiques ou instables dans les cinq dernières années, les perspectives d’avenir peuvent avoir l’air préoccupantes sans raison valable. En supposant que l’entreprise effectue des changements stratégiques de gestion, la performance passée peut ne pas être une indication de ce qui s’en vient et l’approche d’évaluation de l’entreprise n'est plus du tout un simple multiple des liquidités.
Question 7 – Comment puis-je empêcher les évaluateurs de l’ARC de s’ingérer dans mon entreprise?
Quand vous prenez un engagement avec un EEE, vos efforts pour évaluer adéquatement votre entreprise sont documentés de manière professionnelle. Le rapport conséquent constitue votre meilleure défense contre les interférences de l’ARC. Si une entreprise n’engage pas un EEE, il pourrait être difficile de démontrer que tous les facteurs qualitatifs et quantitatifs ont été pris en compte et que la valeur a été déterminée sur une base objective dans des conditions normales de concurrence.
Chris Russell,CPA, CGA, CBV est associé au cabinet Collins Barrow Bow Valley LLP depuis 2008. Elle travaille en étroite collaboration avec les clients, en procurant des services fiables en fiscalité, comptabilité et services-conseils.